La carpe pour les nuls

On compare souvent la carpe à un cochon ou un sanglier, et ce n’est pas peu dire. En effet les similitudes sont nombreuses avec le sanglier , la carpe comme le sanglier est omnivore tous les deux consomment des glands, des châtaignes, du maïs, etc...

Tous deux ont également en commun de vivre en troupeaux hiérarchisés, ils font preuve d'une grande méfiance et n’ont aucun prédateur hormis l'homme…
Physiquement la ressemblance est grande , le corps compact, puissant et ramassé. Notons également que le trait commun le plus fragrant se situe au niveau du groin, chez la carpe elle prend la forme d'une bouche pro tactile cela sert à récupérer des aliments enfouis dans la terre ou dans la vase.



On peut aussi la rapprocher du renard et du rat tant elle a la capacité à déjouer les pièges, bien que les carpes peu pêchées soient totalement innocentes, les carpes qui ont goûté plusieurs fois à la piqure de l’hameçon deviennent expertes et font preuve d'une grande finesse.
La carpe reste un animal guidé par ses instincts et rien ne peut l'en détourner. Elle a toujours besoin de se nourrir, même piquée des dizaines de fois sur une bouillette, la carpe pourra être à nouveau piégée si le pêcheur fait preuve d'imagination.

Le comportement le plus typique est entré dans le langage courant c'est le saut de carpe.
A l'oreille nous reconnaissons un saut de carpe cela permet de localiser le poisson, en l'absence de saut l'approche du poisson devient plus compliquée en particulier l'hiver.
Autre comportement non négligeable, la carpe est un animal grégaire c'est à dire qu'elle vit en groupe, et seuls quelques plus gros sujets s'isolent du banc parce qu'ils sont plus méfiants, un amorçage de longue durée attire tout le banc de carpes et les touches sont nombreuses tout ce tumulte des départs successifs avive la méfiance des plus gros poissons qui hésitent alors à entrer dans la mêlée.
Une ligne tendue en dehors de ce secteur rapporte souvent un gros poisson, ce poisson resté en arrière ose s'aventurer sur la zone plus calme pour ce repaître de la nourriture qui reste une fois la sécurité revenue.
Parfois nous avons constaté qu'un pêcheur non spécialiste de la carpe prenait un gros poisson par accident en posant une plombée avec une pomme de terre etc... au milieu de nulle part car ce poisson n'avait pas senti le piège constitué par l'amorçage.
La curiosité caractérise aussi la carpe, comme beaucoup d'animaux la carpe est peureuse mais curieuse, si elle s'enfuit dans un premier temps elle ne tarde pas à revenir, par exemple une carpe qui prend un plomb sur la tête se sauve mais elle ne tarde pas à faire demi tour pour inspecter ce qui vient de se produire.
Les carpes découvrent l'origine des bruits en surface en l'associant avec un danger ou au contraire une opportunité (de la nourriture au spod).
Autre caractère essentiel de la carpe, c'est un cyprinidé de fond c’est-à-dire il passe son temps à fouiller et retourner le fond, cela fournit des indices précieux à celui qui sait lire l'eau pour les localiser (chapelets de bulles qui se déplacent).


Nourriture de la carpe en fonction des saisons

La carpe est omnivore elle mange de tout y compris des choses inconsommables pour nous, du fumier, des végétaux en décomposition, des fientes de canards, etc...
La carpe mange également beaucoup de vase elle en filtre beaucoup à la recherche d'éléments comestibles mais en ingère également pas mal, c'est un complément indispensable de son alimentation car elle contient des bactéries qui l'aident à digérer, cependant pendant les fortes chaleurs elle fuit la vase qui dégage du méthane et préfère les zones plus oxygénées.
Elle aspire et recrache sans cesse à l’aide de sa bouche pro tactile en ne retenant que ce qui l'intéresse.
Les carpes s'adaptent parfaitement à la source de nourriture la plus disponible en fonction de la saison, ainsi au printemps elles se goinfrent littéralement d'oeufs d'alevins, de têtards etc...( j'ai pu observé un jour dans l'étang que je loue une commune de 10kg environ qui se goinfrait des oeufs de grenouille juste devant moi à moins d'un mètre du bord).
Les écrevisses et les coquillages de toutes sortes (anodontes, dreissènes, limnées , coques , gammares , larves d'escargot ,etc..) font largement partie du régime alimentaire de la carpe.



Elles sont aussi de véritables pompes à daphnies qu'elles filtrent sur les bordures. et ont besoin de manger des végétaux. Elles n'hésitent pas à manger des pousses de potamots encore tendres, elles broutent et sucent les tiges pour récupérer les petits escargots, mais on peut pas dire qu'elles consomment de l'herbe en masse sinon il n'y aurait plus d'herbiers dans les plans d'eau ... et les amours blancs se retrouveraient au chômage.

Les carpes reste longtemps sans manger ... nos appâts ! Elles continuent de s'alimenter quoi qu'il arrive, elles prennent ce qu'elles trouvent et si elles sont conditionnées sur des vers de vase on à l'impression qu'elle ne s'alimente pas mais il n'en est rien.
Une carpe totalement privée de nourriture dans un bassin ne va pas mourir elle survivra.

Une carpe peut ingérer jusqu’à un cinquième de son poids. Une carpe de rivière qui entre sur un coup ne vient pas pour enfiler des perles, elle avale tout : maïs, bouillette et même la terre des pelotes, c'est pour cette raison que les carpes sont moins difficiles à prendre.
Pour une carpe méfiante c'est différent, la carpe va tester un appât puis reculer de quelques mètres avant de revenir en prendre un deuxième si l'appât est à son goût.
C'est pour cela que parfois nous avons quelques bips sur une ligne et que le départ se produit bien plus tard, lorsque l'attrait pour la bouillette l'emporte sur la méfiance qu'elle suscite.

La digestion dépend largement de la température de l'eau et donc de la température de la carpe car c'est un animal à sang froid. La vitesse de digestion varie également en fonction de la nature de l'aliment : ce qui est cuit passe plus vite que ce qui est cru.
Les bouillettes se digèrent généralement très bien, car en plus d'être cuites elles explosent en minuscules fragments sous les dents pharyngiennes de la carpe.
Le maïs simplement trempé est très mal digéré par les carpes, c'est une horreur pour les poissons, il reste trois fois plus longtemps dans la carpe qu'un maïs cuit et cela retarde le moment ou la carpe se remettra en quête de nouveaux aliments.
Il est bon de savoir que l'on peut améliorer le processus de digestion de la carpe en incorporant certains produits dans les appats et notamment certaines huiles essentielles et certaines plantes aromatiques.

Notre cher cyprin ne possède pas d'estomac mais seulement un intestin, c’est pourquoi le processus de digestion est imparfait.
La carpe doit ingérer des quantités folles d'aliments pour obtenir les nutriments nécessaires à sa survie et à sa croissance.
Les poissons qui grossissent sont des poissons qui sans se déplacer peuvent trouver des quantités importantes de nourriture riche,donc dépensent peu d'énergie et profitent beaucoup.
Certains spécimens de grands lacs se font prendre dans le même secteur. Ils sont installés sur un gisement de nourriture naturelle, ne s'en éloignent pas et grossissent rapidement.

Au contraire les carpes qui doivent parcourir des km pour trouver leur pitance deviennent rarement grosses.
Certains éléments ne sont pas digérés du tout et ressortent intactes c'est le cas des coquilles d'anodontes, des carapaces d'écrevisses, de la peau du maïs , ou encore des noix tigrées qui ne sont que partiellement digérées.

Non les vieux poissons, les plus gros poissons vivent seuls ou se groupent à deux ou trois sur un secteur ou près d' un obstacle. Ils s’accaparent un secteur et font respecter leur loi !

Les sauts sont interprétés comme des signes de bien être : l'oxygénation de l'eau est bonne, la nourriture abondante dans le secteur, tout va bien, elles le manifestent.
Un poisson qui saute est un poisson qui s'alimente, c'est un poisson mordeur ... mais pas forcément sur nos appâts. Certains pêcheurs sont frustrés car les carpes sautent mais ne se font pas prendre, c'est souvent le cas sur des amorçages lourds en graines et bouillettes.
Quoi qu'il en soit il faut toujours pêcher là ou les carpes sautent on est sur qu’elles y sont... ils ne nous reste plus qu'à les faire mordre.

Sur les plans d'eau les plus pêchés une carpe décrochée fait fuir le banc, tout comme un combat qui s'éternise sur le coup risque d'en effrayer d’autres.

Sur les petits plans d'eau sur-pêchés les carpes ont radicalement changé de comportement.
La concurrence entre pêcheurs changent les habitudes des poissons. En effet dès que les pêcheurs tendent leurs lignes à 200m du bord, on est obligé de s'aligner alors qu'une ligne tendue à 100m aurait parfaitement fonctionnée.
Toute sur-pêche d'un secteur accélère l'apprentissage des carpes et leur méfiance.



Il est préférable de pêcher un plan d'eau régulièrement pêché qu'un plan d'eau jamais pêché, il est souvent plus facile d'y prendre des carpes car les poissons répondent à la stimulation des appats .
Les carpes n'ont pas attendu les appâts des pêcheurs pour grossir et ne se mettent pas à mordre sur les bouillettes si attractives soient-elles.

C'est vrai au moment de la fraye car une femelle qui pèse 20 kilos en moyenne pendant l'année peut prendre 4 kilos.

Une trentaine d'année me semble être une longévité correcte pour une carpe à condition qu'elle survive aux différentes périodes de fraye. Contrairement à ce que l'on dit, la carpe est un poisson fragile et qui devient de plus en plus fragile à mesure qu'elle grossit.

C'est important si les eaux sont claires.



Les carpes ont l'habitude de longer les berges, il faut savoir que les carpes nagent légèrement inclinées sur le flanc, elles ont donc bien l'oeil en l'air et distinguent parfaitement ce qui se passe sur la berge. Dans tous les cas il vaut mieux éviter de (trop) modifier la végétation et placer les cannes en retrait par rapport à l'eau si les carpes peuvent fréquenter les bordures.
La couleur des appâts n'est pas pour autant primordiale, sur certains plans d'eau on remarque qu'une teinte dominante prend plus qu'une autre, les appâts clairs sont parfois meilleurs que les foncés et inversement en fonction de la saison et surtout de la confiance que leur accorde le pêcheur.

Pêcher me semble être le meilleur moyen de savoir si ça mord !



Ne faisons pas confiance aux baromètres et calendriers lunaires, aller à la pêche que quand le vent, la température, et la lune sont bons revient à pêcher 2 ou 3 fois dans l'année et ce n'est pas le meilleur moyen de prendre des carpes.

En espérant vous avoir fait découvrir quelques caractéristiques sur les carpes et leur comportement, je me permets de vous rappeler que je ne vous expose ici que des réflexions personnelles et que je n'ai pas la prétention de tout connaître de la carpe.